Projet « Apprendre à se rapprocher sans agressivité »
Chercheurs et décideurs principaux : J.P. Bonin, C. Larue, J.-F. Pelletier, H. Racine, H. Fradet, O. Beaudoin

Les troubles mentaux viennent actuellement, au 2ème rang après les maladies cardiovasculaires, et avant le cancer lorsqu’on tient compte de la mortalité, du degré et de la durée des invalidités qu’elles occasionnent. De plus, d’ici 2020, la charge globale des maladies mentale dans le monde représentera 15% de l’ensemble des maladies et la dépression constituera la première cause d’invalidité. Cette situation engendre un fardeau social et économique sans précédent dont les conséquences se font sentir tout particulièrement auprès des familles et des proches de la personne présentant un problème de santé mentale. En effet, les écrits rapportent qu’entre 10% et 40% des proches atteints ont présenté des comportements agressifs depuis l’établissement du diagnostic, et qu’entre 50% et 65% de ces comportements sont perpétrés envers les membres de la famille. Cependant, ces résultats sont probablement sous-estimés étant donné que les familles ont tendance à sous-rapporter les situations de violence.

Le projet initial financé par le RRISIQ a été le départ pour postuler et obtenir une subvention IRSC, et dans le but de combler ce manque de soutien offert aux proche aidants, une formation adaptée par et pour les membres de famille, intitulée « Apprendre à se rapprocher sans agressivité » (ASRSA), a été créée. Cette formation a pour principal objectif d’aider les proches aidants à mieux faire face aux comportements agressifs de leur proche et d’assurer leur sécurité. Ainsi, à l’été 2012, 14 parents de proches atteints de troubles mentaux se sont inspirés de la formation Oméga, et de leur vécu pour adapter et créer la formation ASRSA. Maintenant, 23 parents formateurs offrent la formation dans divers organismes communautaires œuvrant auprès de parents d’un proche atteint de maladie mentale. Près de 30 formations ont été offertes et 500 parents y ont participées.

Les résultats préliminaires de notre évaluation démontrent une amélioration significative de la santé mentale de leur proche (p = .012) de même qu’à la leur (p = .0001), une meilleure qualité de vie (p = .036 ), une baisse du sentiment d’être dépassé par les évènements (p = .014), et moins de détresse psychologique (p = .012), d’anxiété (p = .003) de frustration (p = .042) et une baisse de l’agressivité verbale  de leur proche (p = .017). Les résultats qualitatifs démontrent aussi les bienfaits de cette formation et ce, autant chez les proches aidants et que chez les proches atteints (Chicoine 2014). De plus, une subvention du RRISIQ nous a permis de réaliser quatre vidéos décrivant la perception des familles de leur expérience de formation ou de participant au sein de ce projet.

Bien que ces résultats soient prometteurs, la pérennité de ce projet reste encore à être réalisée puisqu’avec la fin du financement du projet, il sera difficile de pouvoir continuer à donner cette formation à travers le Québec. Toutefois, l’équipe de recherche et les membres de familles formateurs du projet sont activement à la recherche de solutions pour perpétuer cette formation dans toutes les associations aidant les familles de personnes atteintes de troubles mentaux au Québec. Des développements sont aussi à prévoir au cours des prochains mois suite à une subvention du RRISIQ pour un projet pilote obtenue par notre équipe afin de vérifier la faisabilité d’inclure les personnes atteintes dans la formation, ce qui constituerait une innovation notable dans le soutien aux familles de personnes atteintes de troubles mentaux dans une perspective de rétablissement.
Nouvelle 142/171